Mensonge ou vérité - Anthony Stolz [Poésie]

Publié le par Hillslion

Une nouvelle poésie, composition personnelle, sur le thème de la vérité ou du mensonge, voire du point de vue en règle générale. Ici, on aborde le point de vue de la vérité sous un angle un peu fallacieux, celui de Descartes, par l'intermédiaire du "Je = Vérité", à l'instar de son célèbre "Cogito ergo sum".
Un petit développement sera fait plus bas.

Niveau CP CE1 CE2 CM1 CM2 collège  cycle 2 - cycle 3


Poésie "Mensonge ou vérité" par Anthony Stolz. (c'est moi !)

Disponible en 3 versions.

Texte :

Je dis la vérité
Tu dis peut-être la vérité
Il ment, Elle ment, On-dit
Nous disons la vérité
Vous mentez
Ils mentent

Quand vérité s'accorde avec proximité,
Gardez-vous de juger, et doutez.
Informez-vous et sourcez
Vos informations sans jamais vous hâter.
Qui ne doute jamais a souvent tort.
Qui s'interroge aura bien moins de remords.

Notes :

L'approche de ce texte peut paraître farfelue, biaisée, et pourtant, il m'apparaît que ce prisme de lecture est bien souvent le paradigme par défaut de bon nombre de gens.
Ainsi, le "Je" fait ici référence au lecteur qui lit ce texte, s'appropriant ainsi le contexte de vérité comme s'il en faisait le sien, par l'intermédiaire d'un raccourci tel que "Ce que je pense est forcément ma vérité.", processus assez proche finalement d'un auto-biais de confirmation, puisque je suis forcément d'accord avec ce que je pense.
Si "ce que je pense" est alors ensuite érigé en Vérité, ce que pense l'un de mes proches va s'en écarter possiblement, au moins un petit peu, car l'être étant unique, il ne peut y avoir 2 pensées exactement similaires.
Le "Tu" évoque alors cette proximité avec laquelle ma Vérité peut se trouver globalement en accord, sans toutefois que cet accord soit systématique, loin de là.
En revanche, une distanciation se fait dès la 3ème personne du singulier, où "Il" et "Elle" deviennent alors péjoratifs, distants, dans leur approche.
La perte de cette proximité trace un trait perceptible dans la relation de confiance avec autrui.
Le "On", dont on prend le parti qu'il contient trop peu souvent le "Je" pour être fiable, et n'est pas du tout ici synonyme de "nous" comme il pourrait l'être dans le langage courant, apparaît comme étant celui d'une foule indicible, inquantifiable, incernable, aux motivations obscures. C'est presque de "l'autre" dont on parle, accentuant la frontière initiale vers une forme d'antagonisme presque Sartrienne. Il existe trop de formes possibles à ce "On" pour pouvoir lui donner un sens unique, il convient alors d'en privilégier l'incertitude et donc l'impossibilité de lui attribuer sa confiance.

À la frontière du "Je" se trouve le "Nous", qualifiant donc le "moi" et y ajoutant ceux avec qui j'accepte d'être associé dans le cadre d'une idée, d'un propos, d'une lutte, ou plus globalement d'un partage avec eux de ce qu'est ma Vérité, à condition bien sûr que les visions des concernés partagent un sens commun évident avec le mien et suffisamment prononcé pour ne pas être remis en cause, toute remise en cause pouvant devenir une source de distanciation et de rejet de l'autre du groupe "Nous".
Le "Vous", ici, apparaît comme une forme accentuée du "Il/Elle", mais ayant une proximité antagonique, car on s'adresse à ce "vous" comme étant le groupe à combattre, la cible du sujet on parle. On les interpelle, voire invective, en quelque sorte. La proximité antagonique est idéale dans le discours car elle cherche à permettre au lecteur ou à l'auditeur de cerner le groupe à qui on s'adresse, de la catégoriser, de le nommer même si besoin, et ce faisant, on cherche bien sûr à le discréditer en indiquant que notre côté de la vérité est meilleur, ce qui pourrait implicitement dire aux gens "Votez pour nous" ou "Rejoignez-nous", mais surtout pas "Eux" !
Et enfin, le "Ils/Elles" incarne également un antagonisme comme pour le "vous", à la différence que la proximité a disparu, laissant place à une distance plus affirmée. On ne s'adresse plus aux gens directement, mais indirectement.
Cette distance peut laisser penser que l'antagonisme est déjà suffisamment marqué, déjà réalisé dans un combat passé par exemple, et qu'on ne juge plus utile de marquer une emphase envers une chose déjà bien établie pour le quidam. On peut toutefois voir une tentative de décrédibilisation encore plus forte par un procédé similaire à un "ils n'en valent pas la peine", ou encore à un procédé marquant l'absence de "bon sens" dans le propos ou l'idée, pouvant faire penser à une forme de mépris.
Là où le "Je" représente une forme de certitude de la vérité, le "Ils/Elles" représente la distance la plus éloignée de ma vérité.

Ce que vous lisez ici peut apparaître comme une forme d'analyse de langage, et c'est précisément le but. Analyser un discours politique ou rhétorique peut permettre de comprendre les procédés impliquant la détermination des groupes participant à une discussion, ce qui suscite l'adhésion ou l'aversion à un type de discours. C'est notamment le cas lors des discussions au sein de l'assemblée nationale pour la France ou du Parlement pour la Belgique, par exemple.

Il n'a pas été fait mention du "Vous" qui concerne la forme polie du "Tu" dans le langage courant. On pourrait en dire beaucoup de choses, mais les trois principaux axes seraient les cas suivants :
- le "Vous" peut marquer la personne spécifique à qui l'on parle, insistant sur le fait que la personne "incarne" le propos, la lutte ou l'antagonisme au sein de la discussion, dans le but de donner à la personne de l'importance légitime dans la discussion.
- le "Vous" peut, sous couvert d'ironie ou de sarcasme, marquer une forme d'hypocrisie, prétextant vouloir donner de l'importance à la personne comme au point précédent, alors que le but initial n'est autre que de lui mettre une cible sur le dos ou de la discréditer, souvent en fin de propos. On peut donc noter une forme de volonté de rabaisser la personne et de la rendre illégitime à participer à la discussion.
- Le "Vous" peut enfin servir à interpeler une personne précise tout en disant "Toi -et tous ceux qui pensent comme toi-". La personne interpelée doit alors défendre son groupe contre l'invective et présenter sa vérité, en tant que porte-parole de son groupe supposé. On pourrait développer longuement, mais la manœuvre vise ici souvent à pousser l'interlocuteur à définir son groupe lui-même et à le défendre (exercice périlleux), à le pousser au faux-pas par une réponse peu mesurée, ou simplement à le provoquer pour obtenir du grain à moudre.
Là où les deux procédés précédents attaquaient le fond, ici c'est la forme qui sera plus souvent, selon moi, prise en compte et ciblée.
Faire sortir un adversaire de ses gonds reste une méthode qui a fait ses preuves, lui faire dire une chose qu'il va regretter ensuite l'est également.

Voilà ce que je peux dire sur cette 1ère partie de poésie.
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Sur la seconde partie, pédagogiquement, il va être nécessaire d'insister sur l'esprit critique, ne pas croire tout ce que l'on nous dit, même quand ça vient d'un proche.
En effet, depuis la création de photoshop, de l'IA générative et des processus impliquant de pouvoir créer ou modifier des contenus, il devient nécessaire que tout discours soit sourcé, que les sources soient confrontées, que le doute devienne la situation normale par défaut, comme si chaque jour était un 1er avril potentiel. De plus, informer sur les biais cognitifs, particulièrement au sein des écoles mais également pour les séniors, pourrait devenir un enjeu majeur de la prochaine décennie.
Anne ne sera pas la seule à se faire avoir par le faux Brad Pitt si ce travail n'est pas fait, il convient donc de proposer des séances sur le sujet à l'école, que ça soit dès le CM1 et jusqu'en fin de Lycée, mais également pour les séniors.
Et quand vous n'êtes pas d'accord avec quelqu'un, sourcez vos arguments et favorisez le débat dans le calme, sans élever la voix, et en privilégiant le fond

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V1, V2 et V3
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